Sur la rue Cartier, en ligne avec le pont du même nom, un petit bâtiment de quatre appartements, deux étages, s’aligne au trottoir, dégageant une grande cour où siègent un immense arbre et, depuis quelques temps, une vive folie architecturale.
Il y avait donc une maison datant de 1885, rénovée et à la brique neuve, abritant quatre petits appartements de 39 mètres carrés avec, derrière, un jardin quasi abandonné que surplombait un érable (à Giguère…). Sise dans un coin du quartier Centre-Sud récemment rehaussé par l’aménagement du parc des Faubourgs, angle Ontario et De Lorimier, et par la mise en valeur de l’église Notre-Dame-de-Guadeloupe attenante, elle a pour voisins des triplex rénovés, d’autres toujours flanqués de leur hangar de tôle, des coopératives et même des lofts.
Le choix du métal jaune s’est imposé pour affirmer le volume, son originalité, sa contemporanéité, son détachement avec le bloc de brique d’origine, tout en faisant un clin d’œil aux hangars typiques de l’époque. Quant au sensible lien avec l’existant, il est revêtu de plastique recyclé de couleur bleue, matériau également utilisé pour couvrir le balcon au niveau de l’étage. Fait subtil non observable sur les photos, la brique rouge existante comporte des teintes de bleu et d’ocre.
Si l’étage se voit agrandi d’un salon et d’une chambre, dont le plafond suit la pente du toit, le rez-de-chaussée, où habitent les propriétaires, bénéficie de l’addition d’un salon, d’une salle de bain et d’une chambre, en plus d’un sous-sol qui offre la possibilité de chambres supplémentaires.
L’agrandissement est donc formé d’une boîte fonctionnelle de 3 mètres par 10 mètres, détachée de l’existant et tournée de 15 degré. L’espace résiduel entre cette boîte et la ligne de lot, et le volume en retrait qui la raccorde au reste de l’appartement sont dédiés à la circulation. À l’intérieur du rez-de-chaussée, la boîte est nappée d’une surface quadrillée (panneaux durs et panneaux de paille), que la poussée du volume de la salle de bain vient soulever, provoquant son glissement et dévoilant du même coup le colombage du mur du salon. Une simple paroi et une porte en verre séparent le salon de la chambre.
La salle de bain est traitée comme un univers caché et mystérieux, avec sa forme étrange mais pourtant très fonctionnelle et ses parois entièrement couvertes de céramiques, sans distinction pour le plafond. Si la couleur blanche couvre les surfaces orthogonales, le vert souligne l’angle en plan et en élévation d’une cloison et du bain intégré.
Au niveau de l’aménagement paysager, l’agrandissement est souligné au sol par une bande de cailloux de rivière qui l’entoure. S’ajoute au tandem volume jaune – arbre une grosse roche de granite, trouvé lors de l’excavation et dont la forme rappelle étrangement le volume émergé. Placé soigneusement entre les deux, elle est devenue le point central de la cour.
Certains soucis environnementaux ont dirigé la conception et la construction de cet agrandissement, tels que le choix des panneaux de paille, de finis à base d’eau, d’isolant rigide sans « HCFC », qui est ajouté à l’isolation en natte des murs, de fenêtre en fibre de verre, d’appareils de plomberie à faible consommation d’eau et de produits locaux, autant que possible. De plus, un coin potager, un composteur et des supports à vélo sont mis à la disposition des locataires.