Il semble anodin, pour une majorité de gens, de se soulager au besoin. Pourtant, tout le monde a expérimenté, un jour ou l’autre, la difficulté de trouver une toilette publique. À l’instar de plusieurs villes, Montréal possède un centre-ville très animé, où l’on trouve une grande mixité de résidents, de travailleurs, d’étudiants, de touristes et de passants. L’accès à des installations sanitaires dans les lieux publics est, pour une portion de la population, une source de préoccupations, voire un problème récurrent. Par ailleurs, les incivilités découlant du manque d’accès à des toilettes publiques créent des tensions sur le territoire concerné par ce problème et amplifient les enjeux de cohabitation entre les différentes populations qui s’y trouvent. Depuis plus de dix années déjà, les organismes et acteurs locaux expriment leurs préoccupations face aux difficultés d’accès à des toilettes publiques. En 2007, un groupe d’organismes1 a entrepris de réfléchir à la question des toilettes publiques au centre-ville de Montréal. Or l’idée de mettre sur pied un groupe de travail en collaboration avec les arrondissements concernés ne s’est pas concrétisée.
Au cours des dernières années, de nombreuses demandes ont été formulées au conseil d’arrondissement de Ville-Marie pour l’installation de toilettes publiques. Parce que le milieu (tables de quartier, organismes communautaires, institutions situées au centre-ville, etc.) est toujours fortement préoccupé par la question, Spectre de rue et ses partenaires souhaitent, par ce document, lancer la formation d’un groupe de travail qui œuvrera à élaborer rapidement un projet-pilote de toilettes publiques au centre-ville de Montréal.
Un projet-pilote est d’ailleurs normalement déjà en préparation. Il devrait se concrétiser au milieu de l’année 2014 et sa durée devrait être de 12 mois, afin d’évaluer le système durant les quatre saisons. Le processus d’évaluation n’est toutefois pas encore défini. Le coût prévu du projet est de près d’un demi-million de dollars.
Le projet comprendrait une seule installation sanitaire, sur la place Émilie — Gamelin, automatisée, autonettoyante et mixte. Toutefois, il est prévu qu’un employé passe régulièrement (fréquence à définir) afin d’assurer un minimum de présence et de supervision. Le cabinet individuel est inspiré de ceux utilisés dans le milieu carcéral, mais sera plus attrayant. Les accessoires seraient limités aux éléments de base, solides et sécuritaires : toilette, lavabo, poubelle, sèche-main. Les heures d’ouverture ainsi que la gratuité de l’accès (ou non) ne sont pas encore définies. Un chauffage de base est prévu, sans être trop confortable afin d’éviter l’occupation prolongée. L’installation serait par ailleurs surveillée par caméras, reliées à la centrale (24h/24h) déjà existante. Il y aurait un bouton-panique et la porte pourrait être ouverte à distance en cas de besoin. Les luminaires comprendraient des ampoules DELL ou des néons et décourageraient la consommation de drogue par injection. Il est prévu que dès janvier 2014, un appel d’offre par qualification soit lancé pour ensuite former un comité de travail (la composition du comité est encore inconnue).
Le document présente, dans un premier temps, un portrait de la situation actuelle de l’offre et des besoins en matière de toilettes publiques dans le territoire de l’arrondissement de Ville-Marie, laquelle est loin de se limiter à la Place Émilie-Gamelin. Les principaux enjeux identifiés par le milieu sont ensuite expliqués. À travers une recherche succincte mais assez complète, quelques exemples étrangers de toilettes publiques font l’objet d’une description sommaire, dans le but de dégager des considérations pour la prise de décision dans le choix d’une solution adaptée au contexte montréalais